Vivre à côté du camp d’Auschwitz ? À Cannes, The Zone of Interest crée un choc

Dix ans après "Under The Skin", Jonathan Glazer revient avec "The Zone of Interest", présenté en compétition au 76e Festival de Cannes. Il suit le quotidien d'une famille qui vit à un mur du camp d'Auschwitz. Film majeur et marquant.

Entre 1940 et 1945, près de 1,3 million de personnes ont été déportées vers Auschwitz, le plus grand camp de concentration de la Seconde Guerre mondiale. Mais que se passait-il à quelques mètres de l’innommable ? À quoi ressemble le contrechamp de la barbarie ? Le Britannique Jonathan Glazer répond à cette question avec l’uppercut The Zone of Interest, présenté en compétition au 76e Festival de Cannes.

The Zone Of Interest

De

Jonathan Glazer

Avec
Sandra Hüller,
Christian Friedel,
Ralph Herforth

Adapté du roman éponyme de Martin Amis – refusé par Gallimard -, le film suit la vie domestique de la famille du commandant Rudolf Höss (Christian Friedel), qui répond aux ordres d’Hitler. Seul un mur de ciment se dresse entre l’horreur et leur quotidien. Les Höss, en particulier la femme, Hedwig (glaçante Sandra Hüller), passe son temps à perfectionner la maison et le jardin – qui fait écho à celui de Mon Oncle de Jacques Tati.

Les domestiques – des Juifs employés par la famille – s’affairent pour s’occuper de ce décor surréaliste. L’épouse, elle, accueille ses amis, sa mère, essaye les vêtements des déportés, tandis que les enfants jouent comme si de rien n’était.

Forcément provocateur, ce concept permet au réalisateur d’explorer le visage le plus sombre de l’être humain, sourd et aveugle face à l’atrocité. Peut-on réellement s’habituer à la cruauté et l’inviter dans notre quotidien ? Entre cinéma traditionnel et expérimental, The Zone of Interest choque particulièrement parce qu’il ne montre rien. Tout relève du hors-champ.

Le son des cris et des coups de fusil se diffusent dans l’atmosphère, quant à la fumée des fours, elle ne quitte jamais l’écran. Elle plane sur cette famille dont l’équilibre est menacé lorsque le père est muté dans un autre périmètre.

Difficile d’en révéler davantage tant The Zone of Interest repose sur une expérience immersive. L’horreur, omniprésente en second plan, a bousculé la Croisette. Après dix ans d’absence, Jonathan Glazer s’impose déjà comme un favori pour la Palme d’or.

Eh bien, The Zone of Interest de Glazer est extraordinaire. Implacablement austère dans la manière dont il montre que les humains peuvent normaliser des atrocités adjacentes. Le son en particulier est remarquable.”

The Zone of Interest, prochainement au cinéma.

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