Véritable "gueule" du cinéma US, William Fichtner est le mystérieux méchant de "Hypnotic" de Robert Rodriguez, en salles cette semaine. L'occasion de revenir avec l'acteur sur sa carrière, par le prisme des grands cinéastes pour qui il a tourné.
William Fichtner est ce qu’on appelle un “character actor”. Un profil particulier, et très prisé, qui repose sur une aptitude à se fondre dans des personnages secondaires marquants, plutôt que dans des rôles principaux. C’est ainsi que le comédien américain trimballe son visage anguleux et buriné sur nos écrans depuis le début des années 90, “pour explorer”, que ce soit devant la caméra de Christopher Nolan, Michael Mann, Ridley Scott, Michael Bay ou Robert Rodriguez avec Hypnotic, sorti cette semaine au cinéma.
Hypnotic
Sortie :
23 août 2023
|
1h 30min
De
Robert Rodriguez
Avec
Ben Affleck,
Alice Braga,
JD Pardo
Presse
2,3
Spectateurs
2,3
Séances (698)
“Je ne veux pas jouer moi-même, vous savez. Je m’aime bien, mais je ne veux pas me jouer”, expliquait-il à AlloCiné au Festival de Cannes en mai dernier, où le film était présenté en Séance de Minuit. “Je veux trouver autre chose, un autre rythme, un autre regard. C’est ça qui est amusant. Après, proposez-moi des rôles principaux, ça me va aussi ! (Rires)”
“Mais il y a eu tellement de fois où à la lecture d’un scénario, je me suis intéressé à un autre personnage que celui qu’on me proposait. Même si c’était un rôle plus modeste. Cela n’a pas d’importance. C’est vraiment un voyage fascinant et j’ai toujours eu tendance à graviter autour de ça. Je pense que c’est ça, le cœur d’un ‘character actor’. Parcourir le plus de nouvelles routes possibles”.
Retour en cinq réalisateur (et un bonus) sur le parcours de cette “gueule” US qu’on adore.
Robert Rodriguez – Hypnotic
Bien sûr, en tant qu’acteur, je vais toujours préparer mon rôle : je vais avoir des idées sur l’état d’esprit du personnage, sur la manière de le jouer… Mais Robert Rodriguez a une vision très précise de ce qu’il veut faire. Plus que mon propre point de vue, je voulais connaître le sien ! Sur Hypnotic, j’étais vraiment, à certains égards, plus inclusif que je ne l’ai peut-être jamais été sur un tournage. Parce que je voulais vraiment retranscrire la vision de Robert. Et c’est pourquoi – et je l’ai dit cent fois depuis que nous avons terminé ce tournage -, que je place ma collaboration avec Robert Rodriguez tout en haut, au même niveau qu’un Ridley Scott, avec qui j’ai tourné La Chute du Faucon Noir. C’est l’un des meilleurs moments que j’ai passé sur un plateau.
Christopher Nolan – The Dark Knight
Je ne connaissais pas Christopher Nolan avant le tournage de The Dark Knight. C’était un bon ami d’un de mes amis. Et c’est comme ça que j’ai fini par le rencontrer. Il m’a expliqué la scène, il m’a prévenu que c’était une scène unique, au début du film, et je suis tellement fan de son travail que j’ai accepté sans même lire la séquence. Mais ce dont je me souviendrai toujours, c’est le premier jour de tournage, avec le Joker, quand Heath Ledger est apparu. Je suis tellement fan des autres acteurs, en particulier des gens qui trouvent vraiment des personnages. Et je me souviens de Heath, dans son coin, silencieux en train d’écouter sa musique. Et puis nous avons tourné cette première prise, et je me souviens m’être dit, de la part d’un acteur qui en regarde un autre : “Wow, j’aime vraiment ce que ce gars est en train de faire !”
Ridley Scott – La Chute du Faucon Noir
J’adore Ridley Scott. La Chute du Faucon Noir s’inspire d’une histoire vraie. Et nous avons rencontré beaucoup de personnes qui se trouvaient en Somalie lorsque l’événement s’est produit. Chaque fois que vous travaillez sur un projet qui se base sur une histoire vraie, vous voulez l’honorer, vous voulez bien faire les choses. Les militaires que nous avons rencontrés voulaient que nous fassions les choses correctement. Et Ridley était déterminé à bien faire les choses. Nous avions donc tout un groupe qui se souciait vraiment de ce que nous racontions, et Ridley en était le leader.
Michael Bay – Armageddon
Nous avons pu faire des choses sur Armageddon dont les gens ne peuvent que rêver ! Nous sommes allés au contrôle de lancement de Cap Canaveral en Floride, à 85 mètres de haut, là où ils lancent les fusées. Nous avons tourné là-haut ! Vous regardez simplement autour de vous et vous savez que vous n’oublierez jamais des moments comme ça. Sans parler du fait que je passais mes journées avec un groupe de gens intéressants, talentueux et éclectiques. Notamment Bruce Willis. J’ai adoré travailler avec Bruce. J’ai adoré travailler avec tout le monde. Surtout le producteur Jerry Bruckheimer avec qui j’ai fait cinq films. Chaque fois que vous travaillez sur un film de Jerry, c’est plutôt cool. Après avoir fini Armageddon, Michael Bay m’a demandé si je voulais faire une apparition dans Pearl Harbor. Il m’a laissé choisir entre trois caméos, et j’en ai choisi un au début du film.
Michael Mann – Heat
Heat était mon troisième film. Je vivais encore à New York, en essayant de travailler sur des films à Los Angeles. J’ai décroché une audition, j’y suis allé et j’ai rencontré Michael Mann. Et dès que je me suis assis avec lui, je lui ai demandé de jouer un autre personnage : c’était un vrai gentleman, et il m’a répondu “C’est intéressant, Bill, mais pourquoi ne lirions-nous pas celui-ci plutôt ?”. Et puis ensuite, je me souviens de la première nuit de tournage. C’est une histoire vraie.
Elle avait commencé à sept heures du matin, et il était quelque chose comme deux heures du matin. L’équipe était épuisée. Je me suis alors approché de Michael Mann et je lui ai dit : “M. Mann ?” Et il a dit : “Appelle-moi Michael”. Et j’ai dit : “M. Mann, y a-t-il autre chose que vous voudriez que j’essaye ?” Il m’a répondu : “Non, j’aime bien ce que tu as fait pourquoi ?” Je lui réponds : “Eh bien, c’est juste que nous en sommes à la prise 26, et je me demandais s’il y avait quelque chose d’autre à essayer ?” 26 prises ! Et il me répond : “Non, nous avons eu ce qu’il nous faut dans les deux premières prises, mais reprenons”. Michael était vraiment très doux.
J’étais un jeune acteur, du moins jeune dans le cinéma, et je me souviens bien de ça, en plus du fait que des mois plus tard, le film sort et c’est le Heat que vous connaissez. Un film qui redéfinit tout à bien des égards. Tout simplement incroyable.
William Fichtner – Cold Brook
Je l’ai produit, réalisé et co-écrit, je jouais le rôle principal et je faisais même le café ! J’ai tout fait sur Cold Brook, c’était un petit budget. Je me souviens que je n’avais jamais le temps de m’arrêter à chaque prise car je n’en avais pas vraiment besoin : j’étais dans la scène, donc je savais quand c’était bien et ce que je voulais. Ce qui m’importait en revanche, c’était de vérifier le point. Quand j’obtiens la performance souhaitée, est-ce qu’on l’a bien au cadre et au point ? Si les cadreurs mettaient le pouce en l’air, alors je passais à autre chose.
Mais je n’ai jamais envisagé ça comme le fait de “me diriger”. Mon partenaire à l’écran dans ce film, c’est mon meilleur ami. Un acteur nommé Kim Coates que j’ai rencontré sur La Chute du Faucon Noir. Et donc après une prise, je regardais Kim, et je lui demandais comment j’étais. Et parfois il me regardait et me lançait “Pas terrible, mon pote”. Et on passait à autre chose. Le plaisir avec ce film était de terminer le tournage, puis de le monter, de trouver les moments intéressants, de raconter une petite histoire simple.
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Merci de m’avoir posé ces questions. J’ai beaucoup aimé.