Restée inédite dans l'Hexagone pendant 4 décennies, "House" est une pépite japonaise que les spectateurs français peuvent enfin découvrir depuis mercredi au cinéma. Cette comédie horrifique psychédélique ose tout et ne recule devant rien !
Cherchant à fuir le domicile familial lorsqu’elle apprend que son père compte refaire sa vie avec une inconnue, Belle se rend avec sa bande de copines au manoir de sa tante. Une fois sur place, isolées dans cette grande demeure, les sept adolescentes sont les témoins d’inquiétants événements surnaturels à la nuit tombée.
House
Sortie :
28 juin 2023
|
1h 27min
De
Nobuhiko Ôbayashi
Avec
Kimiko Ikegami,
Yoko Minamida,
Miki Jinbo
Presse
3,4
Spectateurs
3,7
Séances (11)
Si son pitch est somme toute assez classique pour un film d’horreur, c’est par son audace visuelle et narrative que House — à ne pas confondre avec son homonyme américain, ni avec Skinamarink, retitré The House chez nous et attendu en juillet sur la plateforme Shadowz — frappe un grand coup.
Réalisé en 1977, il s’agit du premier long-métrage du Japonais Nobuhiko Ôbayashi. Celui-ci est contacté par les producteurs de la Tōhō qui, face au succès des Dents de la mer, souhaitent eux aussi faire un blockbuster qui n’aurait pas à rougir face au marché américain. Une genèse improbable quand on voit à quel point le résultat ne ressemble en rien au film de Spielberg, ni d’ailleurs à aucune autre œuvre cinématographique.
Car House entremêle la comédie musicale, la bluette adolescente, le Kaidan-eiga (film de fantôme japonais) et le gore cartoonesque dans un tourbillon pop réjouissant, s’affranchissant de toute étiquette. Ôbayashi multiplie les idées folles : on croise ainsi un chat aux yeux laser, un piano cannibale, une tapisserie qui vomit du sang, des têtes volantes… Une inventivité débordante qu’il doit en partie à sa fille de onze ans, créditée au générique en tant qu’autrice de l’idée originale. Car c’est en se nourrissant de ses peurs enfantines qu’il a conçu l’histoire de House.
Pionnier du cinéma expérimental japonais au début des années 60, Ôbayashi s’est fait la main sur de nombreux courts-métrages, avant que le milieu de la publicité ne fasse appel à ses services. À travers ses spots, il a la possibilité de laisser libre court à son imagination, tout en trouvant un confort matériel certain et en côtoyant des stars internationales (il dirige notamment Catherine Deneuve, Sophia Loren, ou encore Kirk Douglas).
Fort de cette expérience, il se lance dans House en utilisant tous les moyens à sa disposition pour donner vie à ses pensées les plus surréalistes : stop motion, animation, matte painting, images subliminales, filtres, surimpression… Difficile de résumer la richesse formelle d’un des films les plus audacieux qui soient, qui est un succès commercial à sa sortie au Japon (et ce malgré un accueil critique mitigé).
En résulte un conte à la fois drôle et inquiétant, renversant, voire peut-être épuisant pour certains spectateurs. Mais une chose est sûre : vous n’oublierez pas de sitôt House, qui aura mis plus de quatre décennies à atteindre nos écrans. Un événement à ne pas louper et l’occasion de découvrir l’œuvre d’un cinéaste resté méconnu dans nos contrées (malgré une filmographie riche d’une quarantaine de longs-métrages), qui nous a quittés en 2020.
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