War Pony au cinéma : quel prix important a remporté ce beau film à Cannes ?

Réalisé par Riley Keough et Gina Gammell, "War Pony" sort enfin dans nos salles après des passages réussis aux festivals de Deauville et Cannes, où il a remporté un prix majeur : la Caméra d'Or.

ÇA PARLE DE QUOI ?

Deux jeunes hommes de la tribu Oglala Lakota vivent dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Bill, 23 ans, cherche à joindre les deux bouts à tout prix. Matho, 12 ans, est quant à lui impatient de devenir un homme. Liés par leur quête d’appartenance à une société qui leur est hostile, ils tentent de tracer leur propre voie vers l’âge adulte.

War Pony

Sortie :

10 mai 2023

|
1h 54min

De
Gina Gammell,
Riley Keough

Avec
Stanley Good Voice Elk,
Jojo Bapteise Whiting,
Steven Yellow Hawk

Presse
3,1

Spectateurs
3,5

Séances (126)

COUP D’ESSAI…

En 2022, l’ombre d’Elvis Presley planait sur le Festival de Cannes à plus d’un titre. Grâce au flamboyant biopic que lui consacrait Baz Luhrmann, présenté hors-compétition. Et dans la section Un Certain Regard, où la petite-fille du King, l’actrice Riley Keough (Mad Max : Fury Road, Under the Silver Lake ou la série Daisy Jones and the Six récemment), dévoilait sa première réalisation, co-signée avec Gina Gammell.

“Un joli candidat pour la Caméra d’Or (prix remis au meilleur premier long, toutes sections confondues)… et pour la Palm Dog, qui récompense le meilleur chien vu dans un film”, écrivions-nous depuis la Croisette en mai dernier, en sortant de War Pony. Et force est de constater, sans chercher à nous jeter des fleurs, que nous avions vu juste, car ce drame sur fond de récit d’apprentissage a remporté les deux trophées.

Tourné dans la réserve indienne de Pine Ridge (Dakota du Sud), War Pony rappelle tantôt The Rider de Chloé Zhao (tourné dans la même région), la série Reservation Dogs ou le film American Honey d’Andrea Arnold, dans lequel Riley Keough jouait, à travers ses thèmes ou sa volonté de montrer une Amérique trop souvent laissée hors-champ.

Le terrain peut paraître familier pour certains spectateurs, et des longueurs ainsi que des ressorts dramatiques un peu trop poussés montrent la marge de progression des deux réalisatrices. Qui font par ailleurs preuve d’une belle maîtrise dans la direction d’acteurs (non-professionnels pour la plupart d’entre eux) et la mise en scène qui fait parfois naître de l’onirisme au milieu du réalisme de l’ensemble.

… COUP DE MAÎTRES ?

Autant de qualités qui ont séduit le jury de la Caméra d’Or, emmené par Rossy de Palma en 2022. Crée en 1978 par Gilles Jacob, pour sa première édition en tant que délégué général, ce prix décerné au meilleur premier film de toutes les sections du Festival a pour but d’encourager de jeunes artistes au talent prometteur. Et de leur offrir une belle rampe de lancement.

En 1984, c’est un certain Jim Jarmusch qui la reçevait, grâce à Stranger Than Paradise, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (devenue Quinzaine des Cinéastes cette année). Si l’on se souvient plus de ses rôles devant la caméra, John Turturro l’a aussi remportée grâce à Mac en 1992, un an après le triomphe de Barton Fink, qui lui avait valu un Prix d’Interprétation Masculine.

Avec sept sacres chacun, la France et les États-Unis sont aujourd’hui les pays les plus récompensés par cette Caméra d’Or, dont les vainqueurs proviennent le plus fréquemment de la Quinzaine des Cinéastes et Un Certain Regard (seize longs métrages issus de chaque section). Mais jamais de la Compétition, certes ouverte aux premiers films (comme Banel et Adama cette année), mais très souvent composée d’auteurs expérimentés.

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Beaucoup de cinéastes cannois (que l’on appelle également “habitués”) sont toutefois d’anciens lauréats de la Caméra d’Or. Et il est fréquent que ce prix leur ouvre les portes de la Compétition, à l’image de Naomi Kawase (sacrée en 1997 avant de recevoir le Grand Prix dix ans plus tard), Jafar Panahi (récompensé en 1995 avec Le Ballon blanc), Ildiko Enyedi (en lice pour la Palme en 2021 avec L’Histoire de ma femme) ou encore Tran Ahn Hung, l’un des compétiteurs de cette édition à venir.

Sans oublier Leonor Serraille (Jeune femme) et Lukas Dhont (Girl), respectivement récompensés en 2017 et 2018, et qui se sont retrouvés face-à-face en Compétition l’an dernier, où le second est reparti avec le Grand Prix. Lauréat de la Caméra d’Or en 2008, grâce à Hunger, Steve McQueen sera lui aussi présent cette année, mais son Occupied City n’est attendu “que” dans les Séances Spéciales.

Plus qu’un coup de projecteur sur une œuvre et son auteur, la Caméra d’Or est donc un prix important, capable de changer la carrière d’un(e) cinéaste qui risque alors d’être demandé par beaucoup de festivals. Ne soyons donc pas surpris si Riley Keough et Gina Gammell font de nouveau parler d’elle dans les années à venir et vont même jusqu’à s’inviter dans la Compétition cannoise. Surtout si les promesses de War Pony sont tenues.