Découvrir Poundbury, c’est voyager à travers le temps. Officiellement, ce n’est pas un village, même si ses plus anciens habitants aiment encore l’appeler ainsi. C’est une extension urbaine de 1,6 km2 de la ville de Dorchester, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Sa construction a débuté en 1993 sur le duché de Cornouailles. Propriété historique du prince de Galles depuis 1337, ces terres valent plus d’un milliard d’euros, et ont rapporté environ 24 millions d’euros de revenus à Charles en 2021, affirme The Guardian* .
Impossible de définir le style de Poundbury, tant il diffère d’une rue à l’autre. Sur la place principale, Queen Mother Square, des bâtiments inspirés de la Grèce antique abritent un hôtel, des appartements de luxe, un spa, et un supermarché Waitrose. Certains disent que l’ensemble ressemble à Buckhingam Palace. Le quartier le plus ancien fait, lui, penser au Moyen Age. Les maisons en pierre et l’entrelacs de petites rues mènent au Brownsword Hall, une salle communale que le spécialiste gallois Stephen Bayley comparait en 2003 dans The Independent* à “un catalogue de motifs d’un architecte nazi” .
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Ailleurs, des maisons victoriennes et des immeubles “Art & Crafts” rappellent le XIXe siècle. Il y a aussi des villas palladiennes, vénitiennes, edwardiennes, des maisons coloniales… Il n’y a pas de panneaux de signalisation, pas de marquages au sol. En journée comme en soirée, les rues sont calmes et propres. Même les nombreux chiens tenus en laisse semblent avoir appris à rester silencieux.
Pour bâtir son village idéal, Charles a fait appel à Leon Krier, un architecte luxembourgeois connu, comme lui, pour sa détestation de l’architecture moderne. Admirateur de l’architecte nazi Albert Speer, il a participé à la construction de Seaside en Floride, qui a servi de décor au film The Truman Show. Depuis son lancement, Poundbury a souvent été qualifiée de “Disneyland féodal”, souligne The Guardian*. Des architectes l’ont décrite comme “fausse, sans cœur, autoritaire et sinistrement mignonne”, “un ghetto suraseptisé de la classe moyenne”, liste une étude académique publiée sur la plateforme d’édition Issuu*. Pourtant, 30 ans plus tard, The Times* a élu Poundbury comme l’un des “meilleurs endroits où vivre en 2023”.
Fran Leaper fait partie des résidents les plus enthousiastes à ce sujet : “J’aime vivre dans un décor de film !” Elle habite depuis 2004 dans une impeccable maison géorgienne de Peverell Avenue, accueillant ses invités dans son jardin ensoleillé.
Comme beaucoup d’autres, l’éditrice du Poundbury Magazine s’est installée dans le Dorset pour sa retraite, afin d’être près de la mer, du soleil, et à deux heures et demie de Londres en train. “C’est un endroit calme sans être isolé”, résume-t-elle.
Fran Leaper a découvert Poundbury par hasard, dans un journal du dimanche. Un lieu “où on vit, on travaille, on fait ses courses”, comme le résume la brochure de présentation*. L’inverse d’une cité dortoir. Un quartier respectueux de l’environnement, construit en priorité pour les piétons. Une zone qui se veut inclusive, où 35% des habitations sont des logements sociaux. Eparpillés un peu partout dans Poundbury, ils sont impossibles à distinguer. “Une amie vit dans un de ces logements, qui pourrait le deviner ?”, dit Fran Leaper en montrant une maison voisine, similaire à la sienne.
“Il y a un boucher, un supermarché, un pub, des cafés, des coiffeurs, des médecins… Tout est accessible à pied.”
Fran Leaper, habitante de Poundbury
à franceinfo